rough

le vernissage est demain. j'ai fini d'accrocher mes dessins dans le lieu que nous partageons pour l'exposition. sentiment mitigé d'inaccomplissement, impression de ne pas avoir réussi à saisir ce que je voulais, insatisfaction. les dessins ne sont pas mauvais mais j'ai la sensation de passer à côté de quelquechose, de ne pas avoir su capter ce qui se passe ici, de ne pas avoir su le restituer ni le traduire. je ne suis ni fière ni honteuse. la seule chose que j'ai su faire ici c'est dessiner.on ne peut partager que ce que l'on connait et ce soir cela me parait fort peu. finalement la seule chose qui prenne de la consistance c'est cette sempiternelle vidéo, où mon bras bouge sans produire d'image, incapable de communiquer avec pourtant ce besoin irrépressible de le faire. je suis lasse. j'ai un peu mal au bras. les dessins ne remplissent pas l'espace. quelquepart, tant mieux. je me demande si les autres ont ce sentiment, tout le monde est encore dans la précipitation, la préparation. je cherche un sens à cette dépense d'énergie. elle en a si on lui en donne. ce soir je soustrais à mon travail le sens que je lui donne tous les jours. nos travaux resteront en palestine, ils seront exposés dans une biennale le mois qui vient. je repartirai sans rien, à part des reproductions. j'ai juste la sensation du bras qui bouge. rough.